« L’avenir du tourisme de luxe ? L’exclusivité et l’éco-responsabilité » (25/11/2023)
« L’avenir du tourisme de luxe ? L’exclusivité et l’éco-responsabilité »
L’expérience est devenue l’incontournable mantra du tourisme haut de gamme, au même titre que le bien-être, pas uniquement physique, mais aussi mental et même spirituel, et depuis quelques années, la notion d’éco-responsabilité a pris beaucoup d’importance.
Aujourd’hui, l’heure n’est plus, du moins en Europe (en France, en Belgique, en Suisse) où se trouvent la plupart de nos clients, au luxe bling-bling. L’heure est au « quiet luxury », autrement dit l’heure est au luxe discret. Enfin !
Un exemple parmi d’autres, cité par Myriam Guyon, membre du réseau Virtuoso en France : pour des clients qui avaient pourtant loué une superbe villa dans le sud du Portugal, son agence a organisé récemment une rencontre avec des pêcheurs locaux, suivie d’une sortie en bateau pour pêcher la sardine avec eux et enfin, du partage d’un repas de sardines grillées sur la plage où une belle table avait été dressée. « Ce sont des choses d’une grande simplicité que mes clients apprécient beaucoup car ils n’y ont pas accès dans leur vie de tous les jours », souligne-t-elle.
« Nos clients font appel à nous, précise-t-elle, car, plus qu’un simple voyage de luxe, ils souhaitent sentir battre le cœur d’un pays, d’une culture, d’un peuple. Nos voyageurs souhaitent tisser du lien social, rencontrer ceux qui font rayonner l’art, la culture, la gastronomie et qui façonnent le monde et ce, du grand chef étoilé au pêcheur local du Portugal. ».
Il en est de même avec nos camps de brousse en Tanzanie, en Namibie et au Botswana, qui reflètent bien les safaris privés originels du début du XX° siècle.
Selon le dernier rapport de Virtuoso, les voyages de luxe et d‘ultra-luxe ont en effet le vent en poupe : au niveau mondial, les ventes auraient même augmenté de 69 % au premier trimestre de 2023 par rapport à la même période de 2019.
Par ailleurs, ces voyages s’inscrivent plus que jamais dans la démarche éco-responsable qui découle des 17 objectifs adoptés à l’ONU par 193 pays dans le cadre d’un Programme de développement durable à mettre en place pour, d’ici 2030, éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous.
Aujourd’hui déjà, au niveau mondial, toujours selon le réseau Virtuoso, le tourisme de luxe représente plus de 250 000 emplois locaux et génère plus de 60 millions de dollars de retombées financières qui, via des fondations, des ONG, des entreprises, profitent directement ou indirectement aux populations locales.
Au-delà de cette manne économique, et toujours selon Virtuoso, le tourisme de luxe participe activement, sur le terrain, à la préservation et la protection de la faune, des écosystèmes mais aussi au développement économique et sociétal des pays.
Dans les faits, plus de 3 000 initiatives ont été mises en place par les acteurs du marché du tourisme de luxe, dont 50% sont dédiées à la protection de la planète, 30% à la sauvegarde des cultures locales, et 20% sont consacrées pour soutenir l’économie locale. Concrètement, selon Virtuoso, cela représente aujourd’hui 7,3 millions d’hectares protégés ainsi que des milliers d’espèces animales à l’instar du rhinocéros, de l’éléphant, de la girafe … et une contribution en compensation carbone de plus de 1,2 millions d’euros.
Les rencontres privilégiées avec les animaux en Afrique de l’Est et en Afrique Australe génèrent des revenus en partie reversés pour la sauvegarde de ces animaux et l’aide aux communautés locales.
Le tourisme haut de gamme est élitiste, certes. Mais, il peut être protecteur pour l’environnement et les populations locales alors que le tourisme de masse est souvent destructeur. Il n’est qu’à voir ce qui se passe à Rome, Barcelone ou à Venise », et dans de nombreux parcs nationaux comme les calanques de Marseille.
Le Kenya vient de doubler les droits d’entrée dans la réserve nationale du Masai Mara afin de limiter la fréquentation touristique source de destruction de son écosystème. Les autorités ont pris exemple sur ce qui s’est fait au Botswana, il y a plusieurs années. Si le tourisme n’apportait plus de meilleurs revenus aux populations locales, le braconnage reprendrait très vite. Ces revenus générés par ce tourisme aident aussi les pays d’accueil à mieux protéger leur patrimoine naturel, archéologique ou architectural, cela va dans le bon sens.
Est-ce à dire que seuls les clients aisés devraient pouvoir voyager ? Non, mais tous les voyageurs devraient s’interroger sur leurs pratiques et les conséquences qu’elles ont.
Ces constats conduisent Myriam Guyon à s’interroger : « Demain, le luxe ne consistera-t-il pas à prendre soin de soi et des autres ? ».